6e Mi-Carême de Cholet – 26 mars 1911
Un trésor à Cholet ?
Quelle que soit l’époque, la recherche d’un trésor a toujours attisé les convoitises. Pas forcément besoin d’aller sur une île lointaine pour satisfaire cette curiosité. Mais la quête d’un trésor est souvent infructueuse. Le trésor de Cholet est semble-t-il, à classer dans cette catégorie.
Depuis la fin du 19e siècle, l’engouement pour l’archéologie grandit. Au début du 20e siècle, les recherches archéologiques, sur la base d’approximations, n’étaient pas toutes désintéressées. Elles s’apparentaient souvent à des pillages dans le but non avoué de faire fortune. La connaissance de l’Histoire, quant à elle, n’y gagnait rien.
L’étrange cortège de 1911
Sous la pluie, au milieu du défilé de cette mi-carême, un étrange cortège funèbre s’allonge parmi les spectateurs et leurs parapluies. De quoi se demander si ce 26 mars est bien jour de réjouissances à Cholet.
« Cinq cents après… »
C’est le titre donné à cet ensemble carnavalesque…
1411 : C’était alors la Guerre de Cent ans. Un trésor anglais aurait été caché à Cholet.
26 mars 1911 : Devant le char, au moins deux cercueils sont portés avec dignité sur les épaules de solides gaillards, de pseudo-croque-morts grimés comme des poupées. Ils sont escortés par des gardes casqués tenant hallebardes.
Drôle d’alchimie
Le char lui-même – un baldaquin pour les seigneurs Blackfort et Mac Adam- est entouré de personnages tels qu’un bouffon sur son âne, de mages et alchimistes inspirés.
Et humour noir
Les spectateurs non avertis peuvent se poser des questions quant à l’interprétation de cet humour un peu sombre.
Pour les Choletais, aucun doute : ils ont compris l’allusion qui ne cite personne mais fait référence à un « fait divers » choletais bien connu. Les visiteurs doivent se contenter d’un message en forme d’énigme qui leur est remis au moment du passage des carnavaleux.
L’énigme expliquée aux nuls
Si Pierre-Louis Augereau donne donc une explication de l’énigme (ci-dessus), cependant une partie de sa description du cortège ne correspond pas aux documents photographiques.
L’auteur précise en effet qu’un seul cercueil contenait des lingots d’or. Pourtant, l’une des cartes postales de cette mi-carême est tout-à-fait explicite. Elle précise que les deux cercueils portent l’un « un très haut puissant seigneur lapin de garenne », l’autre « une noble et gentille dame cane de la mare ». Tant pis pour les Anglais, les anciens occupants ! Des lingots d’or, quand même…
La fortune sourit-elle vraiment aux audacieux ?
Bien que son nom ne soit pas cité, le particulier à l’origine involontaire de cette farce historico-humoristique (peut-être se trouvait-il parmi les spectateurs de cette mi-carême), n’apprécia probablement pas la farce, raison pour laquelle il quitta Cholet dans les mois qui suivirent.
Anglais, vraiment ?
Mac Adam, c’est un nom plutôt écossais. Or, pendant la guerre de Cents Ans, les Écossais étaient les ennemis des Anglais et les alliés des Français loyalistes.
Trois époques, un point commun
Mérovingiens de Clovis, Guerre de Cent Ans au temps de Charles VI ou République d’Armant Fallières, c’étaient des bœufs, accompagnés de leurs bouviers, qui tractaient le char seigneurial…
Au bout du « conte », l’un des plus beaux trésors de Cholet, ne serait-ce pas tout simplement son carnaval ? Il vaut bien quelques lingots en or massif…
Cette année, il aurait fait un temps radieux, tant pour le carnaval de jour que le carnaval nocturne…
Nous n’avons pas oublié, il y a un an : Mémoire de notre carnaval
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