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Carnaval de Cholet

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1908 Abolition de la guillotine ?

L’image de la mort est souvent proche des frasques du carnaval. Les têtes de mort ou squelettes ne manquent jamais d’y figurer que ce soit sur les chars ou dans les groupes. 

La plupart du temps, il s’agit de traiter la mort avec dérision, comme pour la conjurer. Mais ce n’est pas toujours pour rire.

Un cortège aussi sombre que celui de 1908 peut se comparer aux marches toujours actuelles des pénitents à Séville ou à Lessines.

La tradition de la mise au bûcher de Monsieur Carnaval, à l’issue d’un procès dérisoire, est aussi marquée de l’empreinte de la mort. Car il ne peut y avoir de printemps qu’avec la mort de l’hiver, il ne peut y avoir de naissance sans la mort.

En réponse au crime ou présumé tel, pour servir la justice, la guillotine, inventée en 1789 par le docteur Ignace Guillotin, multiplie les mises à mort brutales. S’y ajoutent, les mises à mort au poteau d’exécution pendant les guerres.

Les appels de Victor Hugo pour abolir la peine de mort ne furent pas entendus : « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. » clamait-il. (15 septembre 1848)

Le 20 mars 1908, les carnavaleux de Cholet choisissent d’illustrer l’enterrement de la guillotine. Pourquoi ce choix bien étrange ? 

Au début des années 1900, à l’initiative d’esprits éclairés, des projets d’abolition de la peine de mort sont proposés. Tous échouent, l’opinion publique y étant majoritairement  hostile. 

En 1906, la Commission du budget de la Chambre des députés vote la suppression des crédits pour le fonctionnement de la guillotine. Ce vote vise à bloquer la procédure d’exécution des condamnés.

Armand Fallières, président de la république de 1906 à 1913, est lui-même partisan de l’abolition de la peine de mort.

En 1908, Aristide Briand, garde des Sceaux du gouvernement Georges Clemenceau, soumet aux députés un projet de loi visant à abolir la peine de mort. Malgré l’appui de Jean Jaurès qui s’oppose à Maurice Barrès, ce projet est repoussé le 8 décembre par 330 voix contre 201.

En attendant la date de ce vote fatidique, les carnavaliers de Cholet, toujours en avance sur leur temps, espérant la fin prochaine de la guillotine, donc de la peine de mort, la conduisent à sa dernière demeure avec gravité, derrière un cortège masqué de juges et d’avocats, juste au début du printemps. Une gerbe de fleurs orne le centre de cette guillotine.

Alors, tragiquement, dès 1909, la guillotine reprend du service. Son dernier acte date du 10 septembre 1977.

L’abolition de la peine de mort est l’œuvre de Robert Badinter, ministre garde des Sceaux, en 1981.