Notre voyage en « Carnavalie » nous conduit pour cette fois dans un passé déjà lointain : en 1927, à Châtelaudren et Cholet, deux villes dévouées à la cause de la mode et des beaux tissus.
Châtelaudren : la mode française
Dans les Côtes d’Armor, les Châteaulaudrenaises et les Châteaulaudrenais se souviennent du temps où leur ville était l’une des capitales de la mode française (mondiale!). C’est en effet à Châtelaudren (Le Châté pour ses 1 300 habitants), qu’était préparé et imprimé par 150 employés « Le Petit Écho de la Mode » avec ses patrons sur papier de soie encartés dans le journal hebdomadaire.
La fête des fleurs de Châtelaudren
Comme dans la plupart des villes, Châtelaudren avait sa cavalcade, ses chars, ses musiques et ses déguisements. Tout près du calvaire, la rue de Saint-Brieuc n’a pas beaucoup changé (Le calvaire a été déplacé pour aménager un parking sur un jardin).
C’est dans cette rue de Saint-Brieuc que se préparait le défilé de 1927 qui fut l’un des plus beaux des années 30. Mais la date exacte n’est pas précisée. En 1927, la rue n’était encore couverte que de terre battue. Elle était bordée de pavés. C’était moins laid que le bitume fendillé d’aujourd’hui ! Mais les petites chaussures blanches ne devaient pas en sortir indemnes.
La lune, la bohème, un moulin, un bateau…
Presque inévitables dans tout bon défilé carnavalesque : une représentation de la lune, celle d’un moulin et celle d’un bateau. Comme partout ailleurs, la musique dépendait soit d’un club laïc, soit, comme ici, d’un cercle catholique. Pas de bagad en ce temps-là, surtout dans cette partie de la Bretagne, « pays gallo » et non breton… L’histoire ne dit pas si les belles dames du Châté avaient confectionné pour la circonstance des modèles parus dans « Le Petit Écho de la Mode ».
Photos : Rue de Saint-Brieuc, collection privée. La musique « l’Alerte » / Le bateau des Pompiers / le char des Bohémiens. «Châtelaudren de nos Aînés» – Georges Jaouen – 1994.
Hôtel et garage
Pour les visiteurs venus de loin, hôtel et garage étaient proches. Les voitures avaient nécessairement besoin d’être révisées après quelques centaines de kilomètres. En 2020, le rez-de-chaussée de l’hôtel du Calvaire d’autrefois est devenu un salon de coiffure.
Tragédies
Le 7 juin 1939, quelques mois avant la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, un incendie dévasta l’usine du « Petit Écho de la Mode » . Cet incendie causa la mort de 7 pompiers et du directeur de l’imprimerie.
Cent ans de journal de mode
L’imprimerie reprit vie pendant la guerre. Commencée en 1880, la parution du « Petit Écho de la Mode » s’acheva en 1984 peu de temps après la reprise du journal par son concurrent « Femme d’aujourd’hui ».
De ce temps mémorable, il reste un grand lac qui domine cette cité bretonne et une haute cascade impressionnante qui alimentait l’usine aujourd’hui transformée en espace culturel. Le journal avait une adresse dans la capitale mais aussi bien qu’à Paris, Châtelaudren pouvait s’enorgueillir d’avoir son « quartier latin » et son « Mississipi ».
1927 à Cholet
« Le Réveil choletais », journal de l’arrondissement de Cholet, cessa sa parution cette année-là.« Le Petit Choletais » et « l’Écho choletais » s’étaient unis en 1909 pour soutenir les valeurs de la République. Finalement, moins de chance que « Le Petit Écho de la Mode »!
Cependant« le petit » c’était très tendance en ce temps-là… À ne pas confondre avec le journal « L’Intérêt choletais » et la fanfare qui prendra aussi le nom de « Réveil choletais ».
La 16e mi-carême de Cholet – 20 mars 1927
Le soleil est radieux. Ce n’est pas si fréquent. La fête sera belle. Selon leur habitude, les piliers du comité des fêtes posent devant les chars. Noble intention : c’est certainement pour leur faire un peu d’ombre.
Sur leur char couvert d’un tissu typiquement choletais, les reines de cette mi-carême : Madeleine Challet, Irène Guimbretière et Madeleine Rivet. Ces mouchoirs géants à la mode choletaise sont l’œuvre tissée de Messieurs Allereau et Brémond. À l’arrière-plan de ce char, les tanneries.
Photos : Deux autres chars de 1927 figurent dans les archives. Le dessin d’Yves Grolleau restitue la fantaisie d’un carnavalier « individuel »… drôle d’individu en effet !
- Le char de la reine du tissage, ses demoiselles d’honneur et leurs pages.
- « Le plateau descend dans le centre »
- « La fête au village » dont Octave fut probablement le bout-en-train…
- Illustration d’Yves Grolleau
Cf La Grande Aventure des Carnavaliers de Cholet
4 avril 2021
Ces pages d’histoire sont toujours documentées et très agréables à lire. Merci pour cela.
Un petit rectificatif toutefois, le petit dessin n’est pas de mon fils Fabien, c’est moi qui ai commis celui-là.
Amicalement
Yves