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Carnaval de Cholet

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Cholet – 1908 et après… Histoire de Règnes

1908 – Le Comité des Fêtes de Cholet, à l’initiative de Messieurs Moudoux, président, et Frappier, institue la tradition des reines pour la Mi-Carême, comme à Nantes, les Sables d’Olonne, Laval et Le Mans.

En république et pour éviter toute confusion, ces monarques contemporaines seront élues démocratiquement au sein des entreprises où elles travaillent. Car à Cholet, comme ailleurs, les jeunes filles entrent très jeunes à l’usine. C’est là qu’elles seront choisies par leurs paires pour royalement présider – si l’on peut dire ainsi – les fêtes de la Mi-Carême. Longtemps avant que ne soit institué en France le vote des femmes (29 Avril 1945 – 26 août 1920 aux États-Unis), les employées des entreprises artisanales choletaises feront donc l’exercice du vote démocratique en élisant  parmi elles les jeunes filles qui les représenteront – et les honoreront – le jour de la Mi-Carême. Jusqu’en 1977, entre 17 et 20 ans, ensuite, 20 ans ou plus. Il est arrivé qu’un tirage au sort s’impose. Parfois,  la loterie du bouquet gagnant « faisait » la reine et ses dauphines.

Reine des Tissages élues en 1908 : Melle Berthe Marchais. Vice-Reines : Melle Charlotte Gilbert et Melle Hélène Fonteneau. Elles sont accueillies à l’hôtel de ville par la Municipalité dont M Marie-Baudry, Maire de Cholet.

Photographie – Reines 1908

Entourées de petits pages, reine et vice-reines deviennent indissociables de la fête, au point que le défilé de la Mi-Carême prend le patronyme de « Cortège de la Reine du Jour ».

Les guerres et les crises passent, les progrès technologiques se succèdent (radio, téléphone, aviation, télévision, ordinateurs). Imperturbablement, des générations de reines se suivent. Elles seront parfois accompagnées d’autres reines venues des villes proches, mais aussi des reines de Paris, d’Alsace et Lorraine (1929). Selon les modes, leur char sera garni de mouchoirs, de fleurs, de papillons, d’oiseaux, de palmiers ou de fruits, d’étoiles, avec un plus ou moins grand nombre de marches d’escalier.

Photographie – Reines 1929

En 1937, Melle Suzanne Cailleau se souvient qu’elle fut « page » sur le char de la Reine dix années auparavant.

Si le tissage est la pierre angulaire des industries choletaises, et qu’il apparaît justifié de choisir dans cette profession les reines des premières Mi-Carême, il apparaît très vite que d’autres professions sont tout aussi vitales pour l’économie locale, ce qui justifie de « jouer l’alternance ». En voici un exemple à l’apogée de cette variété de ces professions artisanales :

  • 1948 – Reines des Industries mécaniques
  • 1949 – Reines de la Chaussure
  • 1950 – Reines du Tissage
  • 1954 – Reines du Commerce
  • 1955 – Reines de la Bonneterie
  • 1956 – Reines du Textile.
  • 1957 – Reines de l’Agriculture
  • 1958 – Reines de la Confection
  • 1959 – Reines de la Métallurgie

Lien : Reines du mouchoir

Le plus fréquemment, ces reines appartiennent à des familles localement implantées depuis longtemps (noms se terminant par eau, aud, ault en majorité), mais il arrive aussi que le choix se porte sur des jeunes filles dont les familles ont  immigré en France : Marie Waise (1933), Cosette Garcia (1947), Janine Gorbatchev (1953), Aicha Hajji (1978)…

Leurs si jolies robes resteront exposées en vitrine du Palais des Marchands au cours des semaines qui précèdent la fête. Avec le temps, la liste de leurs cadeaux hétéroclites s’allonge. On les verra enfin, tout de blanc vêtues, poser pour la photo, devant le théâtre, au bras de ces messieurs du comité, comme des mariées. En 1953, c’est Le Courrier de L’Ouest qui invite les reines à une grande réception le mardi qui suit la Mi-Carême.

Leur troublante innocence donnera lieu à de longs discours, prononcés pendant l’arrêt Place Travot à mi-Carnaval. Extrait datant de 1924 :

 » S’il est encore, dans notre France égalitaire, quelques privilèges contre lesquels personne ne proteste, n’est-ce pas à l’un de ceux-là que le Président du Comité des Fêtes doit l’avantage de pouvoir saluer, en ce jour où la joie règne en notre cité, celle que le libre choix de ses condisciples et la voix du suffrage universel ont proclamé Reine du Mouchoir. Soyez donc les bienvenues, gracieuse Majesté et vous, Mesdemoiselles qui ajoutez vos fraîches fleurs à sa couronne de beauté et de jeunesse. » (Jacques Fouillarou)

On insistera longtemps sur le fait que ces reines seront aussi « des épouses et des mères exemplaires comme elles sont des exemples dans leur activité professionnelle ». Et quand elles seront grands-mères, « que des cheveux blancs couronneront leur tête », larme à l’œil, elles auront à cœur de répondre à la question de leurs petits enfants réunis autour d’elles :   « Grand-mère, raconte-nous quand tu as été reine!… »

Mais les reines ne sont ni muettes ni timides, comme on aurait pu le croire. En 1939, à la veille de la tragédie qui va dévaster le Monde, Melle Yolande Laës prend à son tour la parole :

« Permettez-moi de faire un court voyage dans le domaine de la fiction : les fêtes de Cholet, je les considère comme un parterre de fleurs. Une, cependant, s’élève plus belle, plus harmonieuse que toutes. Et cette fleur unique, c’est la Mi-Carême, celle qui fait l’objet de tant de soins attentifs et dévoués, celle dont tout Cholet aime à se griser… Cette somme de travail, de bonne humeur, doublée d’un dévouement bénévole ne se trouvent récompensée que dans la joie et le bonheur des autres.»

En 1967, première révolution dans le petit monde des reines, puisque celles-ci ne seront plus choisies dans une profession définie mais dans la société civile plus largement. Ce changement peut s’expliquer par le fait que les jeunes filles font des études de plus en plus longues et que le nombre d’entreprises traditionnelles, artisanales et familiales est en diminution.

« Je lève mon verre en vous demandant de boire à la santé de notre charmante hôtesse, la Reine du Mouchoir, de ses demoiselles d’honneur, de Cholet, ville du travail, de la paix sociale et de la gaieté française ! » JF

Les verres pleins de bulles circulent dans l’assistance. À partir de là, on ne se sent plus. On s’embrasse, on se congratule, on se félicite, on s’amuse…

Les reines résisteront aux grands bouleversements de Mai 68. Mais l’idéal de ces jeunes filles n’est plus seulement dans la fondation d’une famille à l’ombre d’un gentil mari ! Elles prendront des responsabilités de plus en plus élevées dans les entreprises, en politique et dans la société en général, quitteront Cholet, y resteront ou y reviendront…

À partir de 1981, on ne les appellera plus reines, mais ambassadrices ! elles garderont cependant les mêmes places dans le cœur des spectateurs et sur le char… de la reine, parce qu’on continuera de dire ainsi, avec affection.

Cette année-là, le char présente les ambassadrices sur le même niveau. Elles y accèdent par un escalier situé d’un seul côté. Le fond du décor représente la lune entourée d’étoiles, un ciel pas si inaccessible que ça… Ce qui n’était jamais arrivé auparavant : la montée intempestive  sur l’escalier du char de deux Don Juan vite éconduits, non sans quelques dégâts.

25 Février 2012 : Alexia Durand est élue ambassadrice de Cholet au côté de Monia Georges et Éva Ménard. Le 20 Janvier 1962, Annie Rousselot était nommée demoiselle d’honneur. Puis Annie Rousselot est devenue Annie Blanchard. Elle a gardé son diadème et sa robe, du temps où les reines étaient encore des princesses. Aujourd’hui c’est sa petite fille, Alexia Durand, qui est ambassadrice de Cholet. Cinquante années ont passé, les souvenirs sont intacts :

« On s’était réuni entre filles – on était seize – un dimanche matin au Café Brosseau pour élire trois candidates. On se connaissait toutes, on était toutes copines. C’est moi qui ai été élue la première et ça m’a rendu malade. Pour avoir le grade de reine ou de demoiselle d’honneur, il y avait un bal au cours d’une autre soirée à la salle des Tuileries. On devait y choisir une gerbe de fleurs dans laquelle c’était indiqué. Après la fête, il fallait se remettre au travail : c’était l’heure de la traite. »*

* Le Courrier de l’Ouest 15 Mars 2012

4 Mars 2016 : À 18 ans, Naciha Alami est élue ambassadrice de Cholet au côté d’Océane Le Moullec et Audrey Richard. Elle inscrit son nom sur la prestigieuse liste des ambassadrices 33 ans après sa maman, Brigitte Draperon. C’était pour la 66e Mi-Carême, le 10 Avril 1983, la dernière Mi-Carême avec les deux défilés dans la même journée.

Désormais, nos ambassadrices ont à porter autour d’elles (leur charme peut les y aider) un message de diversité, de fraternité et de paix…

Au passage, les carnavaliers leur feront un petit clin d’œil : « Nous aussi, nous avons nos reines et nos rois… c’est une autre histoire ! »

Photographie – Reines 1946

M Jean-Baptiste Chemineau, premier agriculteur à être rentré dans le Comité et qui va passer la main, est parvenu à réunir reines et ambassadrices de toutes les générations, qui ont bien voulu répondre à son appel. Cent trente des cent quarante retrouvées ont accepté de poser pour une photo « historique » le 24 Novembre 1990. Cependant, l’une de ces anciennes reines, devenue religieuse, est restée en Turquie dans sa congrégation.

Et si on avait aussi réuni toutes les candidates qui ont eu le mérite de participer et d’y croire…

Sur cette photo, deux rois des carnavaliers des années 50 accompagnent toutes ces charmantes dames.

Photographie – 24 novembre 1990

La liste complète des reines et ambassadrices de Cholet dans « La Grande Aventure des Carnavaliers de Cholet ».

  • Extraits journaux : Intérêt public choletais – Courrier de l’Ouest
  • Archives de l’Amicale des Carnavaliers de Cholet
  • Programmes 1908  1946

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